La manufacture royale de faïence de Sinceny (Aisne) :
source : Chantal Soudée Lacombe, Les faïences de Sinceny, 1737-1887, catalogue de l'exposition du 5 juin au 20 septembre 1993 au musée de Laon.
Résumé et dates principales.
- 17-01-1737 : Jean-Baptiste Fayard, ancien lieutenant-colonel de cavalerie,
"demande un privilège exclusif pour établir une manufacture
de fayances dans son château de Sinceny..."
- 29-01-1737 : arrêt du Conseil, favorable mais sans privilège.
- 15-02-1737 : lettres patentes données à Versailles.
- printemps 1737 : Denis Pierre Pellevé, peintre en faïence, arrive
de Rouen pour superviser les travaux.
- février 1738 : on note avec les Pellevé 2 tourneurs, 2 mouleurs
et 1 enfourneur avec femmes et enfants, tous de Rouen.
- mars 1739 : 12 peintres à la faïencerie. Les fours ne sont pas
terminés.
- avril 1740 : la manufacture est achevée : 3 fours, plus 1 d'essai,
6 tours, 6 places de mouleurs, 6 places de peintres et ses banquettes d'ombreuses,
1 moulin à cheval pour les émaux.
- janvier 1741 : arrivée de Pierre II Chapelle, fameux peintre de Rouen,
présent jusqu'en 1748.
- Fayard retournant à l'armée lors de la guerre de Succession
d'Autriche, son épouse Michelle Lepicard assure la direction.
- printemps 1742 : retour de Pellevé à Rouen, après plusieurs
ouvriers. Léopold Malriat, peintre lorrain formé à Badonviller
et à Rouen chez Caussy, prend sa suite en décembre 1743.
- 1743-1755 environ : la plus belle période de Sinceny, avec une équipe
réduite de peintres.
- 1751-52 : Passage de Claude Borne, son frère, son fils, son neveu,
tous peintres de Rouen. Léopold Malriat s'absente en 1752 et 1753.
- 1756-1763 : pendant la Guerre de Sept ans, apparition de la faïence patronymique
pour la clientèle locale.
- décembre 1762 : mort de Jean-Baptiste Fayard. Son fils Jacques lui
succède et, tout en conservant Malriat à la direction, embauche
des peintres de Lille et Tournai. La faïence se rétablit pour une
dizaine d'années.
- janvier 1774 : Fayard, "qui perd l'usage de ses jambes",
loue la faïencerie pour 18 ans à Alexandre de Théis, ancien
avocat, et à Louis Chambon, directeur des Postes à Compiègne
et châtelain voisin, qui reste seul au bout d'un an. Malriat toujours
aux commandes. Introduction du "petit feu" vers 1776.
- 1774-1779 : des ouvriers quittent Sinceny pour la faïencerie neuve
de Chauny Difficultés financières, le petit feu trop coûteux
à produire et pas assez rentable.
- fin 1781 : Malriat abandonne la direction. Remplacé par Gaspard Capperon,
peintre, et Jean-Chrysostome Le Comte, mouleur.
- 1784 : 3 peintres de "petit feu" sur les 4 restants partent.
- mars 1787 : malgré près de 120 000 £ d'apports
d'un associé de Chauny en 10 ans, la dette atteint 336 000 £.
- janvier 1790 : faillite de Chambon.
- 1790 : après quelques mois d'interruption, Jacques Fayard reprend la
gestion de la manufacture. Jean Chrysostome Le Comte seul directeur. Mais le
seigneur voisin a créé une fabrique à Rouy.
- février 1794 : Jacques Fayard arrêté comme ci-devant
noble. Fait travailler 60 ouvriers. Libéré en septembre.
Décède en avril 1796. Son fils Anne-Michel lui succède.
- décembre 1796 : Le Comte prend à bail la manufacture pour 9
ans, à 3000 F par an. Bail renouvelé 2 fois.
- 1818 : mort d'Anne-Michel Fayard, laissant 2 fils : Edouard et Gustave-Adolphe.
- 1824 : la manufacture occupe 80 à 100 ouvriers. Les Le Comte partent
fonder leur entreprise au Bosquet-les-Sinceny.
- 1824 à 1837: Dirigée par divers contremaîtres, la manufacture
fait face à 3 concurrentes sur place.
- 1837 à 1842 : Edouard Fayard dirige la manufacture et accumule les
dettes (500 000 F or en 1842).
- 1843 à 1849 : bail à moitié par Gustave-Adolphe Fayard
et sa mère à Camille Guyon, de Soissons, pour 4 500 F l'an, sous
la raison sociale "G. de Sinceny & A. Guyon". Sursaut et belle
qualité de faïences.
- 1849 : saisie des biens de Gustave-Adolphe Fayard pour dédommager les
créanciers de son frère. Vente de la manufacture pour 55 500 F
à Louis Félix Lepage, négociant de Chauny.
- juillet 1864 : suite à la faillite de Lepage, vente de la manufacture
pour 55 000 F à Gustave Bruyère, industriel faïencier de
Caudan (faïencerie du Rohu), dans le Morbihan.
- 1864 : quelques semaines après la vente, la manufacture brûle
en une nuit, assurée au double de son prix d'achat. Elle ferme définitivement
ses portes en 1866. Elle est détruite pendant la guerre 14-18.